A propos de la décision de justice conduisant à la fermeture de l’usine Renault de Sandouville (après sa réouverture récente), voici ce que l’on peut lire dans les médias (ici Le Point mais similaire ailleurs)
» la CGT estime que la procédure n’a pas été « régulière ». Le syndicat « verse aux débats des attestations de plusieurs membres du CSE qui affirment ne pas avoir eu connaissance de l’existence d’une adresse mail professionnelle à leur nom ou ne pas y avoir eu accès depuis leur domicile, de sorte que leur convocation ne leur pas été remise de manière effective ». Le tribunal en déduit que la convocation est « irrégulière ». « C’est de la mauvaise foi, confie au Point une source à Sandouville, les CGTistes étaient bien présents et informés à toutes les autres réunions de l’usine. » ….
« travail effectué par les élus dans les nombreuses commissions sanitaires et les CSE, dans lesquelles les élus CGT ont choisi d’appliquer la politique irresponsable de la chaise vide. » »
Dit autrement, l’usine est fermée non pour des conditions de travail insatisfaisantes, mais parce que certains syndicalistes n’auraient pas reçu le mail de convocation à une réunion.
Ici, nous n’aborderons pas le sujet de fond sur l’aspect satisfaisant ou pas des conditions de travail. Le but est juste de dénoncer le ridicule de la forme.
Quelle organisation notre collectivité a t-elle choisie ?
* permettre des syndicats libres pour défendre les travailleurs, ici la CGT et … les autres.
* créer des réglementations : par exemple demander des convocations en lettre recommandé afin de pouvoir garantir la bonne réception. Le mail est toléré mais ne permet effectivement pas de prouver cette bonne réception
* créer une « justice » qui arbitre en fonctions des règles de droits : elle doit faire respecter les textes réglementaires.
Tout cela est censé permettre une vie harmonieuse entre humains et pourtant !
* les syndicats s’affrontent, ici la CGT contre … les autres. Alors qu’il est raisonnable de penser qu’en matière de conditions de travail, ce sont les mêmes pour tous les travailleurs, syndiqués ou pas et quels que soient leur choix syndicaux.
* pour décider de la fermeture ou pas de l’usine, le débat porte (ou devrait porter) sur les conditions de travail. Nenni ! la justice ne prend sa décision que sur la forme, sur cette fameuse convocation à une réunion. Nous ne saurons rien de plus sur les conditions de travail.
* certes la justice « fait respecter la réglementation », nul ne peut prouver que la convocation a été bien reçue. Devant un autre juge, ce juge gagnerait probablement ! Mais face au bon sens, la condamnation est assurée. Difficile de croire que certains syndicalistes (naturellement motivés par le sujet et en pleine action) puissent ignorer la réunion en question.
* syndicat, vous gagnez donc en droit, mais vous perdez devant le bon sens. Perte de crédibilité, déshonneur.
Tout cela devrait nous faire réfléchir
* le juge doit avoir la satisfaction du devoir accompli
* un syndicat doit crier victoire car le droit lui a donné raison
* sur le fond, les conditions de travail, tout le monde s’en fout …
Est ce réellement le monde que nous souhaitons garder avec nos réglementations et structures actuelles ?
Heureusement le ridicule ne tue pas, quoi que … ?
PS: rappel de quelques pistes proposées dans le projet
* syndicats de métiers (un seul par métier) pour gérer « le métier », toutes entreprises confondues
* syndicats d’établissements (un seul par établissement) pour gérer les spécificités locales. Dans le cas de Sandouville, il aurait été l’interlocuteur pour débattre des conditions de travail.