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Le monde des arts et du spectacle

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Le monde des arts et du spectacle
Que les arts et les spectacles, sous toutes leurs formes, contribuent au bonheur d’un grand nombre d’entre nous, c’est sans doute une évidence. Il s’agit donc d’un monde utile et à conserver.
Mais de là à dire que tout est parfait et qu’il ne faut rien changer, c’est un pas que je ne ferai pas.
Je vous proposer de traiter ce sujet au travers de 2 exemples : . Les intermittents du spectacle et en particulier leur caisse de chômage . Le financement des arts et spectacles par des subventions
Comment fonctionne un intermittent du spectacle ? Qu’il soit technicien ou artiste, il a un contrat associé à une réalisation artistique (une tournée, une série de spectacle dans la salle …). Une rémunération est associée aux services rendus dans le cadre de ce contrat. Puis il passe au contrat, au spectacle suivant, avec en général une période non travaillée entre les deux. On imagine en effet qu’il est difficile d’enchainer et de faire coïncider parfaitement les dates de fin et début entre les divers événements. Cette alternance période de travail (parfois dur et intense pendant une tournée) et inactivité est donc un mode de fonctionnement normal.
Quel est le mode de rémunération de cet intermittent ? Bien sur son cachet proposé dans le contrat de chaque spectacle. Mais aussi, pour les temps d’inactivité, une somme versée par la caisse de chômage.
Si les professionnels des arts sont contents de fonctionner comme cela, en créant un cercle solidaire dans lequel, en gros, ceux qui travaillent beaucoup contribueraient aux revenus de ceux qui travaillent moins, pourquoi pas !
Mais la réalité n’est pas celle-là …
La caisse de chômage des intermittents du spectacle est très largement déficitaire (un milliard d’euros par an).
Exemple d’info publiée : 254 000 salariés inscrits comme techniciens, cadres et ouvriers du spectacle vivant et de l’audiovisuel) ou comme artistes, versent des cotisations s’élevant à 232 millions d’euros. En parallèle, les salariés indemnisés (106 000) reçoivent 1, 263 milliard d’euros de prestation. Le solde financier est donc fortement négatif : – 1,031 milliard en 2010
Dit autrement, quand un intermittent reçoit des revenus sans fournir la moindre contrepartie en échange, ce n’est pas la profession, dans un esprit de solidarité, qui finance. Mais c’est vous et moi, nous tous, que vous assistiez ou pas à des oeuvres artistiques, que vous les aimiez ou pas, peu importe, nous payons et on ne nous demande même pas si nous sommes d’accord pour le faire. Contrainte financière imposée à tous au travers des divers prélèvements impôts, chômage général, …
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Exemple d’info publiée : Les artistes et techniciens du spectacle qui ont travaillé plus de 507 heures … peuvent bénéficier d’une indemnisation pendant 243 jours (8 mois) les jours où ils ne travaillent pas.
Comparez 507 heures avec votre temps de travail annuel, cela doit faire environ le tiers. Donc en clair, un intermittent peut sur l’année travailler 3 fois moins longtemps que vous en étant payé 12 mois sur la base de sa rémunération quand il travaille. Contribue-t-il ainsi à une contrepartie équitable par son travail, au pouvoir d’achat qui lui est donné ? Je pense que non, et vous ?
Si, comme nous le verrons dans un autre chapitre, certaines catégories d’humains peuvent logiquement être dispensés de produire des biens et services en contrepartie des biens et services qu’ils consomment (cf. jeunesse, handicap, seniors), je ne vois aucune raison pour accorder ce privilège au monde du spectacle.
J’entends certains d’entre vous faire remarquer que le monde artistique doit être encouragé par la collectivité sans chercher la rentabilité à tout prix, car cela permet d’ouvrir l’esprit, cela permet la création et la découverte de nouvelles activités …
Certes, ok, d’accord !
Ainsi je prendrai l’exemple des « estivales 06 », il s’agit d’environ 400 spectacles annuels, répartis dans le temps de juillet à septembre, et répartis géographiquement dans les villes et villages du département 06 (Alpes maritimes). Ces 400 spectacles sont totalement gratuits pour le public, et entièrement financés par le conseil départemental. Donc ce n’est pas gratuit pour le contribuable de ce département qui paie même s’il n’assiste pas ou n’apprécie pas ces spectacles.
Deux positions incohérentes dites-vous ? Pourquoi accepter que la collectivité 06 paie aveuglément et refuser que la collectivité France paie au travers du chômage des intermittents ?
A mes yeux, il y a bien une différence. Au niveau national, le périmètre est très vaste et il est difficile d’en apprécier la bonne gestion : le lien est très éloigné entre ceux qui financent et ceux qui bénéficient de la contrepartie. Au contraire, dans le cas des estivales 06, ce lien est beaucoup plus proche :
- Le maire de chaque village est associé au choix des spectacles ayant lieu dans sa petite communauté
- L’équipe de gestion au niveau département est très présente sur le terrain, lors des spectacles, pour apprécier l’intérêt de spectateurs (et les éventuelles critiques)
- Pour 400 spectacles, le département revendique 350 000 spectateurs, ce qui fait une moyenne honorable de spectateurs. Cela permet de vérifier que les subventions données permettent effectivement à un large public de voir / découvrir des événements artistiques
- Et comme au niveau national, la palette de ces événements est très large puisque l’on y trouve du cirque, du music-hall, des chanteurs, du jazz, des concerts philharmoniques, de la musique de chambre, des humoristes, du théâtre de boulevard, un spectacle équestre, de la magie, des spectacles de culture régionale, des « reprises de stars » (Beatles, Rolling Stones, Piaf, …), etc.
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Ce lien beaucoup plus direct entre « payeurs et bénéficiaires » limite le risque de dérives, et le risque de financement par la communauté d’opérations sans contrepartie à la hauteur des dépenses.
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Dans la même idée, citons une autre initiative similaire mais encore plus locale puisque le périmètre est seulement municipal : toujours dans le département 06, la commune de Contes organise chaque année le festival du Payoun, totalement gratuit pour les spectateurs (financé sur budget municipal). Ce festival permet à tous d’apprécier / de découvrir également des spectacles très variés. Il y a probablement de multiples exemples similaires dans d’autres villes. Et le niveau municipal permet de mieux éviter les dépenses déplacées : si le gâchis apparait, attention aux prochaines élections !
Et que l’on ne me soupçonne pas de faire de la propagande pour une tendance politique : le département 06 est à droite, la municipalité de Contes est à gauche !
Concernant le monde du spectacle, terminons par un dernier exemple, celui d’un théâtre national récemment ouvert, celui de Sénart (au sud de Paris). L’objectif est de montrer que, comme dans le cas du financement des intermittents, les risques de dérives apparaissent lorsqu’il n’y a pas de lien suffisamment proche entre ceux qui financent et ceux qui bénéficient.
Quelques éléments chiffrés pour ce théâtre « scène nationale » (il y en a, je crois, 71 en France du même genre) :
Investissement initial : 42 millions d’euros (hors taxes) financés par la communauté (nationale et gigantesque région parisienne)
Budget annuel de fonctionnement : 6 millions d’euros dont 4 de subventions (niveau national et immense région parisienne)
Première saison de fonctionnement : plusieurs salles dont au moins 2 pour les spectacles, capacité maximale de 850 pour l’une et pour l’autre environ 1000 personnes debout ou 400 assises. Parfois, 3eme salle en chapiteau. Pour l’année, 140 représentations (concernant 95 spectacles distincts) avec un total de 45000 spectateurs.
Combinons ces chiffres : si l’on amorti l’investissement initial sur 30 ans, cela ajoute 1.4 (42/30) million d’euros aux dépenses annuelles, ce qui conduit à un total de 6+1.4 = 7.4 millions dont 4+1.4 = 5.4 millions sont des subventions.
Quelle est la contrepartie de ces 5.4 millions payés annuellement par la communauté ?
Réponse : 45 000 spectateurs
Attention, ce n’est pas un cadeau total pour eux, puisque la plupart d’entre eux aura acquitté le prix d’un billet d’entrée d’environ 10 à 32 euros par spectacle.
Ainsi pour permettre d’ouvrir les arts et les spectacles au plus grand nombre, la communauté finance en moyenne plus de 100 euros par spectateur (5.4 millions / 45 000 spectateurs=120 euros exactement) en plus du prix payé par ce dernier (invité ou 10 à 32 euros).
120 à 152 euros, payés en très grande partie par la communauté, n’est-ce pas un peu cher pour un simple spectacle ?
Comment expliquer un tel prix ?
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Je vois une explication partielle
 Dans la sous-utilisation, qui me semble manifeste, des moyens mis à la disposition de l’équipe de gestion. Quand 365 jours par an, on dispose de 2 salles, avec éventuellement une 3eme chapiteau en renfort, 140 représentations dans l’année, ce n’est réellement pas beaucoup. Même si l’on ne compte que les 2 salles, cela fait une utilisation de chaque salle un jour sur cinq ! 70 représentation par an et par salle. En réponse à cette remarque sur la sous-utilisation, réponse des interlocuteurs du théâtre « il faut monter les décors, il faut répéter, on ne peut

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